Sommaire
Débutées le 19 septembre dernier, les Assises de la Mobilité se sont clôturées le 13 décembre 2017 pleines de rapports et de promesses. L’automobile, les transports en communs, le vélo et la logistique ont tous été abordés lors des nombreuses journées et ateliers qui ont eu lieu pendant ces 3 mois. Qu’en est-il des EDP et plus précisément des NVEI ? Initiées par la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne, ces Assises avaient pour but de laisser s’exprimer les experts comme les usagers. Résultats.
Un doute subsiste, le sujet des Engins de Déplacement Personnel (EDP) ne semble pas avoir suscité d’engouement. Au point de se demander : a-t-il était suffisamment pris au sérieux par nos chères institutions ? Le ministère chargé des Transports a-t-il pris la mesure de ces nouveaux modes de déplacements ? Nous pouvons légitimement être sceptiques à l’issue des Assises et des premiers avis d’experts.
Suite à une prise de parole en octobre 2017 de la sécurité routière, de la CEREMA, de le FPMM et de quelques usagers vélo, un comité d’experts du Conseil de la Sécurité Routière a conclu et suggéré ce qui suit : « La proposition du Comité des experts est d’assimiler les engins de déplacement à des cycles quant à l’usage des espaces publics et aux règles d’usages relativement au partage de la voirie. Toutefois, vu qu’il s’agit de nouveaux modes de déplacement, il est proposé de leur imposer le port du casque et de gilet de haute visibilité. Des recommandations complémentaires sont à établir relativement aux équipements de sécurité (protections genou-coude-poignet). »
Soit offrir aux utilisateurs d’EDP le statut de cycliste avec les mêmes droits et devoirs. Pour être précis, l’interdiction (sauf tolérance) de rouler sur les trottoirs, la possibilité de rouler à 25 km/h sur les bandes et pistes cyclables, les couloirs de bus, dans les zones 30 km/h et les rues avec aménagements cyclables. Un statut loin d’être acquis et qui est fragilisé par la présence d’engins mécaniques dans l’appellation EDP. Engins souvent incompatibles sur route, rue et parfois même les pistes cyclables. Interdire leur accès au trottoir pourrait porter un coup fatal à leur marché et aux professionnels du secteur.
C’est d’ailleurs la position de la Direction Générale des Entreprises (DGE) qui elle se prononce en faveur d’un statut dérivé de celui du piéton : l’utilisation serait autorisée sur les trottoirs à 6 Km/h max, tolérée sur les pistes cyclables et strictement interdite sur la chaussée.
Deux visions de l’utilisation des EDP s’affrontent. Ainsi, à peine suggéré que ce statut de cycle est remis en question. Il est pourtant devenu impératif d’offrir un cadre légal clair aux utilisateurs de gyroroue, trottinette électrique et e-skate. Ne faudrait-il pas dissocier les engins électriques de ceux mécaniques ?
De l’appellation EDP à NVEI ?
C’est la question de s’est posée l’enseigne de distribution Mobility Urban à l’initiative d’un sondage sur l’usage de ce qu’ils appellent désormais les Nouveaux Véhicules Electriques Individuels (NVEI).
Son fondateur, Christophe Bayart, expose la chose suivante : « comprendre la différence entre NVEI et EDP est essentielle pour bien appréhender les enjeux qui se jouent sur une future réglementation. Les EDP englobent tous les moyens individuels de se déplacer électrique et NON électrique, c’est-à-dire les trottinettes bien sûr, mais aussi les rollers, skates… »
Ce qui n’est pas la cas des NVEI, « ils ne rassemblent que les moyens électriques de se déplacer : e-trottinette, gyroroue, e-skate. » conclu-t-il.
Une grande partie de l’enjeu est là. Les trottinettes électriques, gyroroue et e-skate ne représentent qu’une petite partie du parc des EDP. A titre de comparaison la trottinette mécanique se vend à plus d’un million d’exemplaires par an en France contre quelques dizaines de milliers de NVEI seulement.
L’avenir des NVEI dépend, à ce jour, de celui des EDP. Pourtant, la problématique d’usage n’est pas la même. Rappelons qu’il s’agit de machines capables de rouler à 25km/h. Les voir limitées en grande partie aux trottoirs (6km/h) et aux pistes cyclables, lorsqu’il y en a, pose une question de sécurité pour les piétons et les utilisateurs de NVEI.
L’urgence de donner un statut juridique au EDP et au NVEI
Selon Christophe Bayart : « le mode ni oui ni non et les forces de l’ordre qui ne savent pas trop sur quel pied danser, n’est pas une situation confortable pour les usagers ». Il poursuit : « pour l’instant tout se passe bien. Mais avec l’augmentation du nombre de NVEI et si les incidents se multipliaient cela poserait des problèmes de responsabilité. Une clarification des droits et devoirs ne peut qu’aider à développer l’usage et le rendre plus vertueux. »
Aujourd’hui la loi est floue quant à l’utilisation des NVEI. Basée sur beaucoup d’incompréhension et un semblant de tolérance, leur usage n’est pas clairement intégré au code de la route. Ni formellement interdits, ni vraiment autorisés, ces engins tombent sous le coup de plusieurs textes différents sans jamais répondre de manière précises aux questions. Il est devenu urgent de légiférer pour assurer la sécurité de tout le monde.
L’importance de donner la parole aux utilisateurs
Pour Maria Araujo et Sylvere Vincent, fondateurs de l’enseigne de distribution spécialisée Gyroroue-Shop, il s’agit d’une évidence : « que nous soyons usagers ou professionnels EDP. Nous sommes avant tout des utilisateurs. Mobilisons nous et soumettons notre avis pour que les pouvoirs publics tiennent compte de nos remarques ».
Même discours du côté de Mobility Urban à l’origine d’un sondage qui veut faire entendre la voix des utilisateurs. Pour son fondateur, Christophe Bayart deux issues légales sont possibles, être assimilé cycle ou super piéton. Quoi de mieux que de laisser la parole à ceux qui chaque jour roulent en NVEI ?