Interdite sur la chaussée, trop lente sur piste cyclable, trop rapide sur les trottoirs… La trottinette électrique peine à trouver sa place. La législation va devenir moins floue.
La trottinette électrique roule désormais dans toutes les villes de France. On l’utilise « pour remplacer les trajets en voiture ou en bus dans les bouchons, ou pour aller plus vite que la marche », détaille Jocelyn Loumeto, administrateur délégué à la Fédération des professionnels de la micro-mobilité (FP2M). Si le modèle classique roule à 25 km/h, le haut-de-gamme fait des pointes à 50 km/h.
Sa maniabilité n’est plus à prouver. Mais il reste un blocage. À la différence de son ancêtre, la trottinette mécanique sans moteur – assimilée à un piéton et donc autorisée à rouler sur les trottoirs – la trottinette électrique ne trouve pas sa place dans l’espace public.
Piste cyclable, l’évidence
« Motorisée, elle est interdite sur les trottoirs et sur les pistes cyclables, rappelle Jocelyn Loumeto. Selon le Code de la route, elle devrait donc être sur la chaussée. Mais là, c’est la réglementation européenne qui l’en exclut, faute d’immatriculation. » Des règles désuètes « qui ne prennent pas en compte les vrais usages », déplore la Fédération. En effet, en 1996, lorsque la trottinette a débarqué sur le marché, « à l’origine comme outil de déplacement adulte », elle a aussitôt été récupérée comme jouet pour les enfants.
Et la réglementation est restée bloquée sur cette utilisation enfantine. Or, « depuis cinq ou six ans et le boom des trottinettes électriques, elle s’adresse aux adultes », assure l’administrateur. Elle est même proposée en libre-service à Paris, Lyon et Bordeaux.
Alors qu’un projet de loi d’orientation des mobilités est en cours d’élaboration, les utilisateurs de la trottinette électrique veulent pouvoir rouler en toute légalité et sécurité. « Pour nous l’évidence, c’est la piste cyclable, lance Jocelyn Loumeto. C’est là qu’on doit être ! »
Et pour les endroits où il n’y en a pas, la FP2M réclame une possibilité d’adaptation : « Sur un trottoir bondé à Paris, c’est évident que l’on doit rouler sur la route. Mais dans les villes où la circulation est rapide, c’est trop dangereux. Là, on doit être sur le trottoir en roulant au pas. » Mais les utilisateurs sont-ils capables de limiter leur vitesse aux 6 km/h réglementaires sur le trottoir (l’équivalent d’une marche rapide) ? « Les utilisateurs ponctuels ont un comportement moins civique que les utilisateurs habituels, reconnaît l’administrateur. Il faut que l’on s’améliore en pédagogie. »
Le dossier avance. Élisabeth Borne, la ministre des Transports, a confirmé le 23 octobre devant les députés que le gouvernement allait bien légiférer, en réaffirmant les principes annoncés en septembre : « Nous allons créer une nouvelle catégorie de véhicule dans le Code de la route. Ces engins pourront circuler sur les pistes ou sur les bandes cyclables. » Dans tous les cas, « leur place n’est pas sur les trottoirs ». Et pour les coins sans pistes, « on laissera également la liberté aux maires de pouvoir s’adapter à la situation locale ».
Une première victoire pour la Fédération : « Mais la vraie révolution serait que la France pense la réglementation comme une mobilité générale. En prenant en compte le différentiel de vitesse, le différentiel de risque et surtout le développement technique… »
Quelle assurance ?
Comment être bien protégé ? Doit-on souscrire une assurance spécifique ou est-on couvert par les contrats que l’on a déjà ? Première chose à faire : regarder son contrat multirisque habitation. Si les vélos et les trottinettes sont généralement pris en compte par la garantie responsabilité civile, ce n’est pas le cas pour les versions électriques ou motorisées. Il est pourtant obligatoire d’être assuré.
Certains assureurs adaptent la garantie. La Maif a intégré dans sa couverture l’usage gyropode, hoverboard, trottinette, et sa multirisque vous couvre en cas de vol et de casse.
D’autres proposeront un contrat spécifique. En prenant en compte le type d’engin, la motorisation (autonome ou à traction, à la Macif) ou la vitesse (plus ou moins de 6 km/h, pour Groupama). Parfois, tout n’est pas compris : vol chez vous, oui, mais extension pour un vol à l’extérieur, par exemple. Des offres de « packaging » global ont cependant vu le jour. Le géant Allianz dispose depuis l’année dernière d’une offre « nouvelles mobilités » pour 100 € par an.
Luko, l’assurance en ligne « transparente et vertueuse » (le solde des cotisations « remboursement des sinistres » est reversé à des associations partenaires en fin d’exercice) a dégainé mi-octobre une offre trottinette, ouverte aux autres riders. Elle donne droit aux garanties « responsabilité civile » (couvrant les dommages à un tiers) et « dommages corporels » pour 10 € par mois. Pour 2 à 3 € de plus, ils peuvent se protéger contre le vol et les dégâts de leur drôle d’engin.